Un pacte européen d’ expansion des dépenses
publiques d’efficacité sociale
Un vrai plan de combat contre la crise exige une politique sélective du crédit en faveur de l'emploi, de la
formation, de la recherche, et un nouveau financement des services publics. Un défi que les plans, dits de relance, avancés aujourd'hui en France ou dans d'autres pays de l'UE s'avèrent
incapables de relever. En grande partie parce qu'ils restent soumis aux logiques du Pacte de stabilité, voire qu'ils s'en revendiquent.
Le Pacte dit de stabilité actuel est facteur d'aggravation de la récession qui
touche déjà l'Europe bien plus fortement que les autres parties de la planète, car il induit des politiques restrictives. Pour une raison simple, il a été pensé comme un accessoire de la politique de la BCE lui permettant d'encadrer les
politiques européennes pour l'euro fort et le capital financier, au nom de la lutte contre tout dérapage des prix. Entendez : pour garantir que la
progression des rentes des marchés financiers ne soit jamais entamée par des augmentations des salaires ou des dépenses publiques et sociales.
Aujourd'hui, quand ils transgressent les règles du pacte de stabilité, pour cause
d'écroulement de leurs recettes fiscales ou parce qu'ils doivent s'endetter pour financer de coûteux plans de sauvetage des banques, les dirigeants de l'UE continuent de clamer, que l'esprit du
pacte est toujours là. Ainsi le gouvernement français s'engage à revenir coûte que coûte à l'équilibre des finances publiques en 2014. Et, dans, l'immédiat, il maintient la suppression d'un
emploi de fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Les gouvernements européens entendent en fait maintenir la pression contre les salaires et les
dépenses sociales pour sauver les marchés financiers. Terrible impasse, car
le cap maintenu sur la rigueur salariale et sociale ne va pas manquer, in fine, d'accentuer la crise ou de la relancer après des rémissions provisoires.
Pour en sortir, il faut mettre d'urgence une tout autre sorte de pacte
européen à l'ordre du jour. Cela suppose l'abandon définitif du " Pacte de stabilité " au profit d'un Pacte pour une croissance efficace
socialement.
Cela concernerait un engagement concerté des États européens dans un vaste effort de relance des dépenses
publiques et sociales, obéissant à des critères favorisant l'emploi stable et correctement rémunéré, la recherche, la formation, l'éducation, la santé, la culture, à une protection effective
coordonnée de l'environnement.
Les investissements et emplois publics ainsi ciblés devraient pouvoir notamment bénéficier d'un financement sélectif de la BCE. Cela participerait à l'entrée dans un véritable âge démocratique de
l'Union Européenne, en plaçant la BCE, comme l'attribution des fonds publics, sous le contrôle du parlement européen, des parlements nationaux, des élus, des représentants des salariés et des
usagers des entreprises et des services publics. L'indispensable supervision des dépenses publiques en coopération, avec des critères d' efficacité sociale, pourrait ainsi servir vraiment la
promotion du développement de l'activité et répondre aux défis sociaux ou environnementaux auxquels sont confrontées nos sociétés, notre civilisation.