Il y a quelques jours, j'ai reçu une facture de l'hôpital de 18 € pour trois repas que j'aurais pris à l'internat en 2012. J'ai
cherché à imaginer les raisons d'un tel courrier et la seule possibilité que je vois (mais peut être n'ai je pas assez d'imagination), c'est que le directeur a décidé de faire payer
systématiquement un repas aux médecins lorsqu'ils sont de garde : je n'ai pas vérifié, mais il est plausible que j'ai pris trois gardes en début d'année dernière avant d'être en retraite.
Et si c'est cela, c'est une décision mesquine et d'autant plus scandaleuse que l'arrivée de la polyclinique dans les locaux
de l'hôpital va faire coexister des médecins de statut privé, bien payés et d'autres de statut public, moins bien payés, en charge du travail le plus pénible, les gardes de nuit à la maternité
!
Moins bien payés et obligés pour un certain nombre de se soumettre aux ordres car de statut précaire !
Car apparemment le directeur de l'hôpital a décidé de généraliser la précarité
!
La procédure officielle est de déclarer les postes vacants de médecins au Centre National de Gestion. Or lors du dernier tour
de recrutement des praticiens hospitaliers (c'est cela, le titre officiel), seul un poste en gériatrie était indiqué comme vacant au centre hospitalier de Charleville Mézières. J'ai interrogé la
ministre : j'ai eu une réponse du directeur de l'ARS m'indiquant que c'est parce que les postes n'étaient pas vacants. Mais allez donc voir sur le site de l'hôpital en cliquant ici et regardez donc en cardiologie ou en pédiatrie par exemple, le nombre de médecins contractuels ou
attachés, précaires donc ! Si vous trouvez l'anesthésie, dites le moi, car je n'ai pas trouvé. A croire que le directeur a décidé de nier ce service !
Précarité pour les médecins, danger pour les patients ! Et cela étant
dit sans remettre en cause la qualité professionnelle de nombre de médecins au statut précaire. Mais la réussite au concours nécessaire pour être praticien hospitalier est aussi la garantie pour
les malades qu'il ne s'agit pas d'un médecin rejeté d'un autre lieu pour insuffisance professionnelle ou venant d'un pays où le diplôme ne recouvre pas les mêmes choses !
C'est, car manifestement, ce n'est pas qu'à Charleville, la casse du statut des praticiens hospitaliers qui est recherchée.
Et le refus de cette casse comme d'ailleurs du recours massif à des emplois de contractuels dans le fonction publique ne sont pas qu'une défense catégorielle : le concours, le statut, sont des
garanties de qualité et d'indépendance nécessairew !
Après ce long préambule, voici donc le courrier que j'ai adressé au directeur de l'hôpital :
Monsieur le Directeur,
J'aurais pu trouver amusant de recevoir une facture de vos services, presque un an après mon départ en retraite, pour
trois repas pris à l'internat de l'hôpital en 2012, une manière comme une autre de me rappeler les années passées à travailler dans cet établissement, à une époque où la loi HPST n'avait pas gâté
les rapports sociaux.
Mais il se trouve que je n'ai pas pris de repas à l'internat en 2012. Et je serai d'ailleurs curieuse de connaître
quelles preuves vous pourriez m'apporter, justifiant cette facture !
Et je suis donc très inquiète.
Facturez vous comme cela aléatoirement aux médecins des repas non pris ? C'est vrai que vous semblez préférer
recruter des médecins sous des statuts divers, mais ne relevant pas du cadre statutaire des praticiens hospitaliers, puisque vous prétendez avoir trouver des médecins, sans que les postes ne
soient parus au Centre National de Gestion. Ils sont ainsi plus soumis face à une gestion aléatoire, puisque leur contrat ne dépend que de vous.
Mais plus inquiétant encore : quelles garanties peuvent avoir les malades quand ils reçoivent une facture à la
sortie de l'hôpital ?
Mon refus de payer cette somme se voulant solidarité avec les personnels de l'hôpital et non économies personnelles,
je profite de cette occasion pour verser au Secours Populaire Français. L'argent y sera mieux utilisé qu'à faire jouer les services de l'hôpital aux chaises musicales en les déménageant
régulièrement !
D'autant plus que l'excédent budgétaire de 2012, fait sur le dos des personnels, vous donne quelques marges de
manœuvre !
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Directeur, l'expression de mes salutations distinguées.