Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Le blog de Michèle Leflon
  • : Michèle Leflon, communiste, Vice présidente du conseil régional de Champagne Ardenne, a créé ce blog pour crier son indignation devant le recul de l'humain, la casse de la planète et favoriser le débat pour une alternative politique vraiment à gauche. Ce blog, tout particulièrement tourné vers les Ardennes, en présente des informations alternatives.
  • Contact

Qui suis-je ?

Pour me contacter :
michele.leflon@orange.fr


Vice-présidente du Conseil Régional de Champagne Ardenne, chargée de la formation professionnelle et de l'orientation

Membre du Conseil National du Parti Communiste Français.

Ancien médecin anesthésiste-réanimatrice à l'hôpital de Charleville Mézières.

Recherche

La nature dans les Ardennes

Archives

15 mars 2008 6 15 /03 /mars /2008 21:47
L’hôpital public définitivement réformé ?
undefinedLorsque, installant la mission Larcher, le Président de la République se penche sur l’hôpital public et promet l’éradication de ses déficits dans son discours prononcé à Bordeaux, sa pensée s’illustre et se résume en une phrase : « un hôpital performant est un hôpital qui apporte sa contribution au rééquilibrage de l’assurance maladie». Le la est donné : l’objectif sera financier. Trop lourd, trop coûteux, obsolète et à mettre au rencard, notre modèle hospitalier public français n’a plus les faveurs de nos dirigeants.
Certes, il représente un gros tiers de nos dépenses de santé. Mais il garantit l’accès à des soins reconnus internationalement de grande qualité, pour tous, partout. Il constitue l’un des fondements d’un pacte social issu de la Libération, qui est toujours plébiscité par ses usagers. Personne ne conteste que le renchérissement de la protection sociale et le vieillissement de la population représentent d’énormes enjeux économiques. A un degré tel qu’ils devraient appeler à un grand débat national sur les orientations et les priorités de notre système de soin. Or, sans que ce débat n’ait eu lieu, l’ensemble des mesures s’annoncent comme particulièrement agressives pour les moyens de l’hôpital public et les statuts de ses personnels. S’agirait-il à terme de parvenir à un système à l’américaine en confiant la santé de nos concitoyens à d’autres partenaires et aux fluctuations et aux commandements du CAC 40 ?
Sur cette pente dangereuse, certains essaient encore une fois d’avancer leurs pions : les directeurs et particulièrement les DG de CHU imaginent pouvoir enfin tordre le cou à l’indépendance médicale et placer les médecins en CDD — une aberration absolue en terme d’attractivité des carrières, tandis que la FHF pense pouvoir réaliser son rêve d’être désormais une fédération employeur, vraie patronne des personnels hospitaliers … Sans mesurer sans doute combien ces nouvelles orientations seraient attentatoires aux valeurs et au fonctionnement du service public, sans évaluer non plus les effets délétères des précédentes réformes dont ils ont été les zélés promoteurs.
Nous n’entendons pas répondre à de telles provocations, ni polémiquer une fois de plus avec leurs auteurs : les 40000 praticiens hospitaliers sont très majoritairement attachés au service public, à son organisation, à son renouvellement dynamique, à son statut et à celui de ses personnels en ce qu’ils garantissent la pérennité des missions et des actions menées et en ce qui concerne l’exercice médical à l’hôpital à l’indépendance professionnelle indispensable à la qualité et à la sécurité des soins.

Ce qui ne signifie pas qu’il faille rejeter toute idée de réforme, en 2008, bien au contraire.
Oui, en accord avec nos directeurs nous appelons à une réforme qui libèrerait nos établissements des carcans administratifs qui freinent leur capacité à entreprendre.
Oui, nous attendons de nos décideurs la réforme courageuse qui doterait la santé d’un vrai pilotage régional unifié et équilibré pour la ville, l’hospitalisation et le médico-social et permettrait ainsi d’avancer en concertation avec les professionnels et les usagers pour l’aménagement des complémentarités et l’organisation des indispensables restructurations. Et là, on est bien au cœur de tout projet d’amélioration de l’efficience de notre système de santé.

Mais nous nous opposerons de toutes nos forces à une réforme qui s’attaquerait au seul service public et à ses statuts, et programmerait en particulier la disparition du statut de PH.

J'aurais beaucoup de commentaires à ajouter à ce communiqué, dont je partage l'essentiel : la remise en cause du service public hospitalier qui s'annonce est effectivement gravissime. Les pions sont avancés les uns après les autres pour déconstruire ce service public. L'avenir de l'hôpital public nécessite effectivement un débat public majeur sur les ressources que notre société souhaite consacrer à la santé. Mais les pistes de ce débat ont déjà été données en 2007. N. Sarkozy avait, dès la campagne présidentielle, dit ses intentions de réduction des dépenses de santé, en particulier en annonçant les franchises médicales. La bipolarisation de la vie politique française n'a pas permis à l'autre option de s'exprimer suffisamment. L'autre option, c'est que l'augmentation du niveau de vie permet de consacrer une part plus importante du PIB à la santé et que rien n'empèche d'augmenter les ressources de la sécurité sociale afin de garder son principe fondateur selon lequel chacun cotise en fonction de ses revenus et reçoit en fonction de ses besoins. Les communistes avec Marie Georges Buffet ont exprimé des propositions permettant à la fois d'augmenter les ressources de la sécu et de favoriser la lutte contre le chômage, contrairement aux idées répandues selon lesquelles les cotisations sont néfastes pour l'emploi. Malheureusement Ségolène Royal a trop monopolisé la parole "de gauche" et le moins que l'on puisse dire, c'est que le PS n'a pas une politique de santé lisible !
Toute polémique avec les directeurs d'hôpitaux  ou la FHF, est effectivement vaine : ils sont coincés par leurs difficultés de gestion et non responsables de la situation, dont les seuls responsables sont les députés votant la loi de financement de la sécurité sociale.
La région est sans doute un bon niveau pour organiser la réponse aux besoins de santé. Ce doit être un lieu d'organisation, de démocratie, pas trop loin des citoyens, tout le contraire du projet d'Agence Régionale de Santé qui s'annonce comme un simple relai autoritaire de la politique nationale. Mais en aucun cas, cela ne doit être une décentralisation supprimant les solidarités nationales nécessaires.
Je termine en ajoutant que le rejet de la suppression du statut de praticien hospitalier n'est pas de l'ordre d'une revendication catégorielle. C'est l'indépendance des médecins hospitaliers qui serait mise en cause, leur liberté de prescription. "Réduisez les dépenses de santé si vous voulez voir  contrat renouveler" pourrait devenir le nouveau mot d'ordre ! Cette mise en cause est un pion majeur de la déconstruction du service public hospitalier.
Désolée pour mes lecteurs qui ne s'intéressent pas aux questions de santé : je viens d'être un peu longue, mais ces questions me tiennent trop à coeur.
Partager cet article
Repost0

commentaires