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  • : Le blog de Michèle Leflon
  • : Michèle Leflon, communiste, Vice présidente du conseil régional de Champagne Ardenne, a créé ce blog pour crier son indignation devant le recul de l'humain, la casse de la planète et favoriser le débat pour une alternative politique vraiment à gauche. Ce blog, tout particulièrement tourné vers les Ardennes, en présente des informations alternatives.
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michele.leflon@orange.fr


Vice-présidente du Conseil Régional de Champagne Ardenne, chargée de la formation professionnelle et de l'orientation

Membre du Conseil National du Parti Communiste Français.

Ancien médecin anesthésiste-réanimatrice à l'hôpital de Charleville Mézières.

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La nature dans les Ardennes

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 12:17

À l'image de tout ce que fait le député ardennais au prétexte de simplifier le droit, l'obligation faite aux GRETA de se constituer en GIP met la pagaille.
Et pour deux raisons :
- ce touche à tout transforme le droit sans que le temps ne soit pris d'en mesurer les conséquences et la transformation du statut des GRETA sans une vision de l'avenir de l'appareil de formation n'a pas de sens !
- la perversité de nombre de mesures de ses lois de simplification et, en terme de droit du travail par exemple elle est majeure, fait que la méfiance généralisée paralyse le débat nécessaire.
Et c'est vrai que la méfiance s'impose : l'externalisation des GRETA par rapport aux lycées qui les abritent n'est-elle pas un moyen pour une privatisation future, même si pour l'instant on parle de groupement d'intérêt public ? Et en terme de privatisation, l'expérience dans de nombreux domaines a appris que le diable se cache souvent dans les détails. Sans parler du démantèlement de l'AFPA mis en oeuvre par des gouvernements à la solde du patronat, qui constitue un précédent qui ne peut qu'inquiéter tous ceux qui considèrent que la formation ne peut être source de profits pour quelques uns.
Mais pour autant, le développement de la formation professionnelle au delà de la formation initiale au sein de l'Education Nationale ne nécessite-t-elle pas une véritable organisation, là où on a empilé des réformettes ? Pour ne prendre qu'un petit aspect, mais assez illustratif, est il légitime qu'un proviseur de lycée soit en plus président du GRETA, d'autant plus que c'est souvent le proviseur du plus gros lycée du département, donc à priori, celui qui a déà le plus de travail pour s'occuper de ses lycéens ! (Et cela, évidemment sans contester l'implication qu'ils ont dans les GRETA).

La réorganisation des GRETA doit reposer sur une réflexion abordant trois questions :
- celle de l'intolérable marchandisation de la formation et des meilleurs moyens de s'y opposer. Car il y a une fuite en avant du capitalisme, cherchant à faire des profits sur la formation (mais aussi sur tout ce qui touche à l'Humain, et vous qui lisez ce blog, vous connaissez mon attachement aux question de santé : c'est du pareil au même) du fait de la baisse de la part du travail dans l'industrie, de la baisse donc des profits, car la source des profits, ce n'est pas la génération spontanée, c'est bien le travail, l'exploitation des travailleurs ! La réorganisation des GRETA doit donc préserver le caractère public de ceux-ci, dans un contexte difficile, où les traités européens imposent la concurrence libre et non faussée sur tout, pour la bourse de quelques uns.

- celle de la décentralisation de la formation : jusqu'où faut il aller, ou, à l'inverse, des recentralisations sont elles nécessaires ? La région est un bon lieu de recensement des besoins, de dialogue démocratique pour élaborer des politiques répondant à ces besoins. Faut il pour autant, comme le propose le président de l'Association des Régions de France, à majorité, comme chacun le sait, très largement socialiste, une nouvelle étape de la décentralisation touchant les lycées professionnels ? J'y suis pour ma part, avec mes amis communistes, profondément opposée : d'une part, car cela toucherait à l'unité du système de formation initiale de l'Education Nationale et à l'égalité d'accès à la formation des jeunes sur l'ensemble du territoire national mais aussi car confier l’entièreté des lycées professionnels aux régions serait un signe profond de dévalorisation de l'enseignement professionnel : à l'Etat l'enseignement noble général et technologique, aux régions le tiers état !
Mais ce n'est pas que la formation initiale qui a besoin d'égalité d'accès sur l'ensemble du territoire, c'est aussi la formation des demandeurs d'emploi et les communistes proposent, avec le Front de Gauche, un grand service public de l'emploi et de la formation professionnelle. C'est d'ailleurs pour cela que la Champagne Ardenne n'a pas, comme d'autres régions, mis en place un service public régional de la formation professionnelle : j'ai en effet proposé que cela soit un réseau, capable de se lier aux réseaux des autres régions pour aller vers ce grand service public national (je reviendrai ci-dessous sur la notion de service public). Car, ce n'est pas pour dire, mais, malgré la convention entre l'ensemble des régions de France, aller se former dans une autre région quand on est demandeur d'emploi peut relever du parcours du combattant, ne serait ce que parce que Pôle Emploi connait essentiellement les formations faites en région, mais aussi parce que chaque région a mis son grain de sel !

La transformation des GRETA doit allier un cadre national, garant de l'égalité des stagiaires à bénéficier d'une formation de qualité aboutissant à des qualifications reconnues à une gestion de proximité, permettant à la fois efficacité et réel contrôle démocratique par ses salariés et usagers.

- celle du statut des personnels : trop de formateurs des GRETA sont de statut précaire ! A moins que cela ne soit des enseignants participant aux formations en heures supplémentaires. Tous les Conseillers en formation continue ne sont pas non plus fonctionnaires ! Cette question du statut des personnels est essentielle : comment demander à quelqu'un de prendre en charge correctement un demandeur l'emploi quand il est lui-même dans l'angoisse de son avenir à la fin de la formation ! (Ceci est d'ailleurs valable aussi pour de nombreux conseillers de Pôle Emploi de statut précaire !). La création d'un GIP ne doit être en aucun cas le moyen de poursuivre cette politique de précarisation des personnels, de faire des contrats de droit privé, de multiplier les heures supplémentaires des enseignants : il ne peut s'agir que de personnels de l'Education Nationale, mis à disposition par celle-ci dans les GRETA. Seule une petite part, à négocier, pourrait, pour faire face à des besoins particuliers ponctuels, relever de CDD ou d'heures supplémentaires (les enseignants des lycées devraient aussi pouvoir être mis à disposition pour une partie de leur service, pour éviter un fonctionnement utilisant par principe celui des heures supplémentaires). C'est à cette condition que sera garantie la qualité de ce service de formation continue, permettant de développer jusqu'au bout les innovations pédagogiques nécessaires, en particulier à des publics ayant quitté l'école par l'échec. Cette même stabilité du personnel est d'ailleurs nécessaire dans l'ensemble des réseaux de formation et j'en profite pour attirer l'attention sur la situation très inquiétante de l'AFPA de ce point de vue, où la direction nationale, en voulant diminuer les effectifs, encourage le recours à l'interim et aux CDD, tout en faisant perdre à cette extraordinaire association de formation la spécificité de ses pratiques pédagogiques, fort différentes de celles de l'Education Nationale mais tout aussi indispensables à notre société.

Il n'est pas possible de construire un véritable service public de formation professionnelle sans garantir un véritable statut à ses personnels leur permettant de travailler dans la sérennité et de bénéficier de tout l'environnement leur permettant un travail de qualité : le statut de fonctionnaire de l'Education Nationale n'est il pas tout indiqué ? Et le désengagement de l'Etat serait une grossière erreur, au moment où c'est bien le droit différé à la formation qui doit être mis en oeuvre.

C'est aussi à cause du statut des formateurs (ou plutôt de leur absence de statut) que je refuse de parler de service public régional de formation en Champagne Ardenne car les régions qui l'ont fait font un abus de vocabulaire : les formateurs ne sont pas tous, loin de là, de statut public, comme cela devrait être le cas dans un véritable service public.

Détacher des personnels de l'Education Nationale dans les GRETA ne doit pas être condamné au nom de raisons financières : les financeurs de la formation, quelqu'ils soient, pourraient tout à fait reverser des compensations à l'Etat et évidemment, il faut que des salariés en formation puissent continuer à accéder aux GRETA, sur les financements des entreprises (OPCA, OPACIF ...).


En guise de conclusion à ce trop long article, ce n'est pas la création de GIP qui pose problème, c'est bien tout ce qui est autour, mais profitons en pour un grand débat sur la formation professionnelle et ne l'oublions pas dans les élections à venir : l'Humain d'abord !
Et concrètement, c'est pierre à pierre qu'il faut construire le grand service public de formation continue nécessaire, en refusant tous les reculs et en infléchissant toutes les transformations dans le sens de cette vision d'avenir en faisant en sorte que l'on puisse mettre le turbo dans les semaines et les mois à venir à l'occasion de transformations politiques, qui ne serviront véritablement l'Humain que si la mobilisation de tous permet une véritable révolution citoyenne.

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