La neige de la nuit n'avait pas refroidi l'ardeur à protester contre l'annonce de la fermeture de la filière générale du lycée de Bazeilles mais aussi contre la fermeture du collège du Chesne et le rassemblement devant le lycée de Bazeilles, ce matin, s'est prolongé par une manifestation dans les rues de cette commune.
Au delà des contingences politicardes, des élus de droite qui manifestent pour leur établissement scolaire, dans leur territoire sans se soucier de ce qui se passe ailleurs (et c'est bien la politique menée par la droite depuis dix ans qui, en supprimant des postes d'enseignants, favorise ces fermetures), et puis pour la droite, tout est prétexte à manifestation actuellement, des élus socialistes de Sedan, qui ne se soucient que des établissements scolaires de Sedan et qui verraient avec satisfaction les effectifs du lycée Pierre Bayle augmenter, d'un président de région qui souhaite ménager la chèvre et le chou, les parents d'élèves et les enseignants de Bazeilles qui luttent contre cette fermeture, mais aussi ses amis sedanais (et JP Bachy a eu, sur le sujet, une réponse assez ambiguë vendredi soir, au cours de la réunion publique de bilan de mandat régional organisée à Charleville Mézières), sans parler des militants d'EELV qui, pour ne pas mettre en cause la politique gouvernementale, s'en prennent à la personne du DASEN, au delà de ces contingences, ces fermetures sont condamnables pour trois raisons :
1° La fermeture de la filière générale du lycée de Bazeilles interpelle sur le modèle de lycée souhaité : un lycée polyvalent permettant la rencontre entre les lycéens suivant une filière générale avec ceux qui se professionnalisent ou la ségrégation entre "l'élite" amenée à poursuivre des études longues et les autres qui n'ont besoin que d'apprendre un métier pour servir le capital ! La deuxième version était celle de la droite, des Sarkozy & Co. On pourrait espérer que cette version soit abandonnée, mais cette idéologie ségrégative inspire encore malheureusement trop le projet de loi de refondation de l'école, bien loin de l'école de la réussite pour tous, et les décisions annoncées à Bazeille ne font que confirmer ces mauvais choix idéologiques.
2° La fermeture des collèges du Chesne et de Buzancy, la fermeture de la filière L à Givet pose la question de l'amènagement du territoire souhaité. Est ce la disparition des services publics, la désertification (et la disparition des services pubics s'accompagne inexorabliement d'un déclin économique), mettant les gens sur les routes (avec les conséquences que l'on connait, à la fois en terme de qualité de vie et de dégagement de gaz carbonique) ? Ou veut on contribuer à réduire les inégalités territoriales ? Ces fermetures sont un très mauvais signal sur la volonté politique en terme d'amènagement du territoire.
3° L'objectif inavoué est bien de faire des économies. Petit exemple chiffré (arbitraire, mais pour faire comprendre le mécaniseme). Vous avez à un endroit 80 élèves de seconde (ou de n'importe que autre niveau) : il vous faut trois classes, mais avec 160 élèves, 5 classes suffisent à obtenir un effectif par classe de 32, beaucoup, trop, mais acceptable avec les normes actuelles. En réunissant vos deux fois 80 élèves vous avez donc gagné une classe et pas mal d'heures d'enseignants ! Les élus de Sedan ont ils compris que cela allait augmenter les effectifs par classe à Pierre Bayle ? Sans doute pas !
Et ce qui se passe à Bazeilles doit inquiéter au plus haut point à Givet : dans les arguments du recteur, le fait que les lycéens de Bazeilles ne pouvaient plus choisir la section ES. A Givet, l'année prochaine, il pourrait argumenter qu'il faut fermer le lycée, car les jeunes ne pourraient plus choisir la section L !
Les annonces gouvernementales sur l'école primaire et maternelle ne doivent pas se faire au détriment des collèges et des lycées. Il est juste de vouloir promouvoir l'école maternelle, améliorer l'encadrement à l'école primaire. Ce qui n'est pas juste, c'est de le faire dans le cadre d'une austérité qui nous entraîne dans le cercle vicieux du déclin en limitant cet investissement essentiel qui est la formation de nos jeunes !
Les Ardennais ne supporteront pas ces nouvelles attaques de l'Education Nationale dans notre département. Déjà est prévu un rassemblement mercredi 23 janvier à 14h30 devant l'Inspection d'Académie. Venez nombreux !