J'ai rencontré les ex-salariés de Thomé Génot il y a quelques jours afin de faire le point sur la situation près de quinze mois après la liquidation de Thomé
Génot.
L'accord prévoyait zéro chômeurs à la sortie du dispositif. En fait seule une
petite centaine des ex-Thomé Génot est actuellement en emploi durable (CDI ou création d'entreprise) et l'absence de reclassement touche particulièrement les
femmes et les salariés les plus âgés.
Des initiatives ont été envisagées pour faire aboutir le reclassement de tous.
Le Contrat de Transition Professionnel étant un dispositif expérimental, les anciens « bénéficiaires » ont des propositions pour l'améliorer :
- sur la réglementation insuffisante dans
certains cas. Mieux vaut ne pas être malade pendant la durée du CTP, car c'est perdant/perdant. L'adhésion au CTP se traduit par l'abandon du salaire des deux mois de préavis,
mais il n'y a pas de compensation de salaire pendant la durée du congé maladie, ni prolongation en conséquence du CTP pour aider au reclassement. Le CTP, c'est aussi une perte de trimestres
pour ceux qui auraient pu prétendre à la retraite avant 60 ans en ayant leurs années de cotisation. Un déménagement hors département se solde par des
difficultés administratives insurmontables !
- sur les moyens mis en oeuvre pour contribuer au reclassement : le stage
d'orientation a été une perte de temps pour un nombre important de personnes ; les conseillers étaient insuffisamment formés, les formations ne
répondant pas à un « métier en tension » ont été difficiles à obtenir, avec des délais d'attente pour le financement ; l'absence d'aide pour les formalités
administratives, de possibilités de recours à une assistante sociale ne dégageaient pas les salariés de préoccupations très lourdes afin qu'ils puissent se consacrer à leur recherche
d'emploi.
Surtout l'absence d'implication des entreprises ardennaises dans le reclassement n'a pas permis à ce dispositif de servir véritablement à autre chose qu'au
maintien du salaire pendant un an. Il aurait fallu une véritable table ronde avec des entreprises susceptibles d'embaucher. Les compensations de salaires conduisent les patrons à embaucher avec
des salaires très bas malgré les qualifications, maintenus après l'arrêt des compensations. Des questions se posent : à quoi a servi la mission Arcelor de revitalisation du département ? Mais aussi les crédits alloués par le fond européen d'ajustement à la mondialisation ont ils tous été utilisés dans le fonctionnement du CTP ? Sinon, que
sont ils devenus ?